Soutenance de thèse de Kheloudja AMER | Se convertir au protestantisme évangélique: enquête ethnographique auprès de femmes en Kabylie rurale
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Le 14 juin 2024Salle 214, 2ème étage, bâtiment Tertrefalse false
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À 14h
Ouvert à tous
Le Cens vous invite à assister à la thèse de doctorat en Sociologie de Kheloudja AMER sous la direction de Marie CARTIER et la co-direction de Karima DIRECHE.
Se convertir au protestantisme évangélique: enquête ethnographique auprès de femmes en Kabylie rurale
Résumé de la thèse :
La Kabylie est une région à part entière au sein de l'Algérie marquée par des spécificités ethniques et linguistiques et réputée militante et frondeuse dans son rapport à l’Etat central. Les mouvements missionnaires néo-évangéliques s’y sont implantés depuis au moins deux décennies en développant diverses actions prosélytes très énergiques qui ont donné naissance à des micro-chrétientés locales. Terre musulmane avec ses lettrés, ses nombreuses confréries et ses lieux saints, la Kabylie présente toutefois aussi une tradition à la fois « laïque » et agnostique qui s’exprime sans tabous dans le débat et l’espace publics. Celle-ci s’est toujours accompagnée depuis 1962 d’un discours politique très critique et de nombreux mouvements contestataires à l’égard du régime politique algérien unanimement discrédité, dernièrement, par le mouvement du Hirak du 22 février 2019. En s’intéressant aux conversions, la thèse interroge l’adhésion à l’offre religieuse qu’apportent les églises néo-évangéliques : elle l’envisage d’une part comme une nouvelle forme de contestation de l’islamisme de l’Etat algérien de la part de certains segments de la population locale et d’autre part comme l’expression d’une crise identitaire profonde.L’analyse s’appuie sur une démarche ethnographique pour étudier les formes de la coexistence et de la pluralité religieuse un village kabyle relativement isolé et marqué par le chômage et l’émigration vers la France. Si cette pluralité (islam/christianisme néo-évangélique) s'apparente bien à une confrontation, elle ne rompt pas pour autant le consensus villageois ni ne débouche sur la violence et la discorde. En se focalisant sur la conversion des femmes, la thèse explore ce que la diffusion du christianisme fait à l'ordre du genre (patriarcal) dans ce contexte musulman et kabyle en mobilisant les notions de « bifurcation » et de « continuité des pratiques musulmanes ». Bien que les femmes converties valorisent le pouvoir émancipateur de leur nouvelle religion, la réalité se révèle plus complexe, la division sexuée des rôles et des pratiques, garante de l’intégration à la communauté villageoise, se maintenant largement. La thèse éclaire ainsi la manière dont, selon les contextes et les situations, les normes locales et les normes religieuses peuvent se renforcer ou, au contraire, entrer en contradiction.
Composition du jury :
Rapporteur : Mohand ANARIS, maître de conférences HDR, Université Mouloud MammeriRapporteur : Yannick FER, directeur de recherche au CNRS, Centre Maurice-Halbwachs
Examinatrice : Malika ASSAM, maîtresse de Conférences, Aix-Marseille Université
Examinatrice : Jennifer BIDET, maîtresse de Conférences, Université Paris-Descartes
Directrice de thèse : Marie CARTIER, professeure des Universités, Nantes Université
Co-directrice de thèse : Karima DIRECHE, directrice de recherche au CNRS, Aix-Marseille Université
Mis à jour le 29 mai 2024.