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Projet NUMEDISS : les enjeux politiques et la question des usages et des non-usages des nouvelles technologies : approche socio-anthropologique d'un territoire essonnien
Suite à l’appel à projets de recherche 2021, « Usages des technologies numériques dans le champ de la santé, de l’autonomie (en lien avec l’âge & le handicap) et de l’accès aux droits » lancé par la Mission Recherche (MiRe) de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques et ses partenaires, un projet de recherche soumis par Sylvie Morel, Anne Vega et Lola Catherin a été retenu. Ce projet d’une durée de 24 mois a été financé par la DREES, la Caisse nationale d’allocations familiales et la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie.
Coordination
- Responsables scientifiques au CENS : Sylvie Morel et Anne Vega (IR, chercheuse associée)
- Financeur : DREES, CNAF, CNSA
- Partenaires : Université de Bordeaux
- Durée du projet : 2022-2025
Résumé du projet :
Le déploiement des outils numériques et la dématérialisation, présentés par les pouvoirs publics comme innovants (synonymes de progrès, d’efficience, d’économie et d’empowerment), renvoient sur le terrain à trois problématiques. 1/ La fracture numérique, en lien avec la fracture sociale. 2/ Les mutations du travail et la nécessaire adaptation des pratiques. 3/ Les usages.
Plus précisément, le « virage numérique » conduit à des réorganisations du travail - révélatrices de conflits de compétences - et à des adaptations des pratiques, particulièrement chez les agents d’accueil parfois eux-mêmes touchés par la fracture numérique. Certain.es usager.ères et leurs aidant.es familiaux, a fortiori les moins dot.ées, cumulent les difficultés en santé, d’accès et d’usages - y compris quand ils sont accompagné.es par des assistantes sociales, des personnels paramédicaux et des associations. Ces acteur.rices de terrain sont à écouter, d’autant qu’ils et elles témoignent d’obstacles techniques, de manques de formation à l’outil et/ou en santé, de « médico-centrisme ». La méthodologie qualitative (observations in situ, entretiens informels et entretiens semi-directifs) avec les acteur.rices de terrain concerné.es - sera donc privilégiée. À l’échelle de trois communes de l’Essonne, il s’agira de faire émerger leurs difficultés et leurs pistes d’amélioration en prêtant notre attention aux usager.ères « réfractaires » et aux « abandonnistes » : à ce pourquoi ils et elles se désengagent de ce processus d’innovation. En lien et dans une optique participative, une experte en situation de handicap sera « partie prenante » de cette recherche. Enfin notre étude interrogera les effets de la pandémie sur les usages du numérique. Ce projet a couru sur deux ans grâce à un contrat d’ingénieur d’études d’un an (Lola Catherin) et d’ingénieure de recherche pendant deux ans (Anne Vega).
Il se poursuit actuellement par la reprise du projet d’une équipe de l’Université de Bordeaux : NUMEDISS. Anne Vega mène ce projet qui prolonge d’un an la recherche grâce à une convention de reversement entre Nantes Université et l’Université de Bordeaux. Le projet NUMEDISS étudie l’impact des technologies numériques dans le champ de la santé en prenant en compte les processus de médiation permettant aux acteurs d’accroître leur littératie en santé. Il a pour principal objet d’analyse la documentation des inégalités sociales de santé (ISS) qui se jouent avec le développement de technologies numériques. Cette étude vise initialement deux objectifs. En premier lieu, il s’agit de comprendre comment se met en place la médiation numérique en santé et par quels mécanismes cette intervention « fonctionne », et ce à quel degré et à quelles conditions en fonction des types de population accompagnés. Deuxièmement, il s’agit de comprendre comment une intervention spécifique, considérée séparément, mais visant à agir sur des déterminants sociaux de la santé modulant l’accès et l’utilisation de ces instruments par les individus, peut tout de même produire des effets sur la réduction des ISS. Il s’agit donc d’analyser sa contribution à la réduction des inégalités sociales de santé, en tant que mesure ciblée. Pour ce faire, diverses méthodes issues des techniques dites qualitatives sont employées, notamment les entretiens semi-dirigés auprès de parties prenantes dans ces interventions de médiation numérique (en santé). Afin de décrire au mieux la population accompagnée par les dispositifs de médiation numérique mis en place (en l’occurrence des ateliers de médiation numérique par un médiateur professionnel auprès de groupes resserrés de patients), des données relatives aux caractéristiques des personnes accompagnées et au déroulé des ateliers complètent utilement l’analyse.