Projet DiPIC : Discours et Pratiques contre-hégémoniques dans l'Israël Contemporain

Résumé du projet :

Ce projet a pour ambition d'étudier les acteurs sociaux qui, par leurs prises de position, leurs actions ou leurs choix de vie, remettent en question l'ordre hégémonique à l'œuvre en Israël, ainsi que les réactions institutionnelles et non-institutionnelles qu'ils suscitent.

L'ordre hégémonique est entendu ici comme une sorte de sens commun orientant, dans un contexte donné, les représentations du monde social (Stoddart, 2007). Relayé, promu et légitime au niveau institutionnel, il est aussi généralement défendu par des acteurs non-étatiques (Gramsci 1998).

Ainsi, en Israël, les militants, journalistes, universitaires, artistes ou simples citoyens qui défient l'ordre hégémonique sont, en retour, visés par un effort constant de délégitimation et par des tentatives de plus en plus nombreuses de criminalisation (Lamarche 2019). Dans le contexte israélien, les prises de positions qualifiées de « contre-hégémoniques » englobent la reconnaissance de la Nakba comme événement central de la mémoire collective palestinienne, la qualification du projet sioniste comme projet colonial, l'appel à transformer l'Etat d'Israël en Etat binational, et bien d'autres.

Les pratiques contre-hégémoniques incluent, pour leur part, toutes celles qui substituent à l'idée de séparation celle du vivre ensemble et qui placent les valeurs humanistes universelles au-dessus de l'intérêt du peuple juif : elles vont du refus de servir dans l'armée à la dénonciation des violations du droit international par Israël, en passant par le fait de mettre ses enfants dans une école judéo-arabe, de militer contre l’occupation ou encore de s'engager dans un apprentissage de la langue arabe.

II s'agira d'étudier, à partir du cas israélien, la dialectique hégémonie/contre-hégémonie, autrement dit la manière dont défenseurs et « challengeurs » de l'ordre s'affrontent, ainsi que les stratégies adoptées par les seconds pour répondre aux attaques qui les visent, les esquiver ou s'y adapter socialement.