Axe 4. Santé, corps et sport

Responsable : E. d’Halluin (MCF), S. Dufraisse (MCF), S. Fleuriel (PR)

Membres :
Ludivine Balland (MCF), Romuald Bodin (PR), Adrien Cadéron (Doc), Raphaële Chatal (Doc), Olivier Crasset (Post-Doc), Fanny Darbus (MCF), Marion David (Post-Doc), Estelle D’Halluin (MCF), Maïmouna Dramé (Doc), Sylvain Dufraisse (MCF), Annie Dussuet (MCF, HDR), Marick Fèvre (Doc), Sébastien Fleuriel (PR), Joseph Godefroy (Doc), Estelle Gridaine (Doc), Véronique Guienne (PR), Anais Hachet (Doc), Lionel Helvig (PRAG), Christophe Lamoureux (MCF), Hélène Lecompte (Doc), Gabrielle Lecomte-Menahes (Doc), Alice Lermusiaux (Doc), Gildas Loirand (MCF), Sylvie Morel (Post-Doc), Amady Niang (Doc), Sosthène Nsengiyumva (Doc), Bruno Papin (MCF), Fabienne Pavis (MCF), Florian Pedrot (Doc), François Potier (Doc), Arnaud Sébileau (MCF), Shani Galand (Doc), Hassen Slimani (MCF), Baptiste Viaud (MCF).


Constitué en 2010, l'axe « Santé, corps et sport » entendait faire valoir la contribution du CENS à la production de connaissances sur différents thèmes : la construction des problèmes sanitaires, les rapports entre santé et travail, les conditions d'accès aux soins, les usages du médicament, les délibérations éthiques des professionnels de la santé confrontés à des situations incertaines ou encore le rôle de l'État et des politiques publiques (européennes, nationales et locales) dans la gestion et la discipline des corps, dans l'« (in)visibilité » de certaines connaissances pourtant médicalement établies ou dans les injonctions contradictoires auxquelles sont soumis les professionnels de l'encadrement des corps, des sports et des soins. Les travaux menés ont bénéficié des acquis d'une longue tradition nantaise d'investigation sur les pratiques sportives, d'une part, et sur la santé d'autre part. Le pari scientifique était d'associer les recherches portant sur ces deux terrains empiriques autour d'une réflexion centrée sur les « cultures du corps ». Il s'est vu conforté par l'obtention, en octobre 2013, d'une allocation régionale de thèse relative à l'usure corporelle des professionnels de l'encadrement des activités sportives nautiques à finalités touristiques, et, en octobre 2014, d'un contrat doctoral relatif aux patientèles - pour partie sportives - des étiopathes.

Les travaux de l'axe 4 se donnent ainsi pour objectif d'analyser ce que le social fait aux corps à partir d'une sociologie des « cultures somatiques de classes » inséparablement associée à une sociologie des agents et des institutions engagées dans une activité de « gouvernement des corps » (médecins et autres « soignants », juges pénaux, arbitres, entraîneurs sportifs et autres encadrants, enseignants d'EPS). L'intention commune est ici d'inscrire les recherches sur la santé, les corps et les sports dans la perspective d'une sociologie des morales sociales et politiques, attentive à l'étude des dispositifs publics spécifiques au sport et à la santé. Sont ainsi étudiées les recompositions des justifications de la légitimité pour ce qui concerne les manières d'être corporelles et les usages du corps tout autant que les « traitements » (sociaux, médicaux, pénaux, scolaires...) dont le corps peut ou doit faire l'objet. Marquées par une volonté de dialogue avec les spécialités scientifiques aujourd'hui hégémoniques sur le thème du corps et de la santé (biologie, médecine expérimentale, neurosciences, épidémiologie...), les recherches réalisées ou en cours s'attachent à une sociologie de l'invisibilité des déterminations sociales qui affectent les corps biologiques ainsi que les rapports au corps et à la santé. Sans négliger ce que leurs objets doivent à l'histoire, ces recherches reposent systématiquement sur des travaux d'enquêtes contextualisées, d'analyse d'archives et de données quantitatives. Elles s'inscrivent dans le cadre de nombreux partenariats scientifiques qu'impliquent les programmes de recherche financés en cours de réalisation (MIGSAN, LMA, AUTOMED...)(11, 12, 13, 14) ou récemment lancés (ANR « Réprimer et soigner »)(16). La valorisation des résultats obtenus se trouve favorisée par les relations entretenues au niveau régional, national et international avec diverses institutions non académiques (Cancéropôle, Gérontopole, Permanence d'accès au soins de santé, CHU, Réseau « Recherche et sport en Pays de la Loire », Comité régional de prévention des risques professionnels, Ministère de la culture, UNESCO, ARS...)(18, 19, 20, 21, 22).

Aux fins de respecter les contours des collectifs de recherche et des réseaux dans lesquels sont impliqués les contributeurs de l'axe 4, trois sous-axes thématiques mutuellement perméables ont été distingués. Le premier, intitulé « Engagements et encadrement sportifs », rassemble les travaux qui portent sur les activités sportives entendues au sens large, sur leurs institutions, sur leurs agents spécialisés ainsi que sur leurs modalités d'inscription dans les territoires où elles recrutent tant leurs divers pratiquants que leurs dirigeants. Depuis plus d'un siècle, comment une revitalisation des « sports traditionnels » peut-elle s'opérer malgré l'hégémonie des sports modernes ? (4) Comment se déterminent les formes légitimes de pratiques et la légitimité des agents qui font et défont la légitimité dans leur domaine de spécialité ? (8) Telles sont, parmi d'autres, les questions que s'attachent à résoudre les enquêtes en abordant singulièrement le sport par la « petite porte » des pratiques et clubs réputés « amateurs ». L'analyse sociohistorique et la sociologie des agents de l'institution sportive (encadrants, enseignants, arbitres) contribuent alors à parfaire la connaissance d'un univers qui s'est complexifié depuis trente ans à la faveur du développement d'un commerce des services sportifs (9), y compris dans le monde associatif, et d'une spécialisation athlétique renforcée et encouragée par les politiques locales de subvention. Cette spécialisation est ici au cœur des interrogations en ce qu'elle tend à faire des sportifs amateurs de bon niveau des travailleurs corporels déniés particulièrement exposés aux blessures diverses mais dépourvus de toute couverture sociale spécifique aux risques encourus (10).

Regroupés sous le titre « Santé et risque professionnels », les travaux caractéristiques du deuxième sous-axe se sont justement donnés pour fil conducteur la compréhension des raisons de l'invisibilité sociale des questions de santé au travail (2). Sont ainsi interrogées les manières dont les blessures et les problèmes de santé sont fortement refoulés chez les artisans (1), chez les sportifs pratiquants et leurs encadrants ou encore, comme dans le cas des « crises sanitaires » et des accidents de sport, les contraintes sociales, économiques et symboliques qui contribuent à leur difficile accession au rang de problèmes publics susceptible de justifier mobilisations politiques et intervention régulatrice ou protectrice de l'État (6) .

Pour sa part le troisième sous-axe « Politiques de santé et accès aux soins » fédère les travaux qui entendent objectiver et comprendre les inégalités sociales de santé. Qu'il s'agisse d'automédication, de (non)recours aux soins ou de mobilité et « d'autonomie » des « seniors », la santé est alors étudiée avec une volonté de ne pas découpler l'analyse des politiques publiques, celle des divers professionnels de santé et celle des populations différentiellement confrontées à la nécessité de se soigner ou d'être soignées. Une telle orientation de la recherche est ici favorisée par la participation à des programmes associant sociologues et professionnels de santé (5) ou encore par des investigations conduites au plus près d'institutions allocataires de soins. En outre, un point de vue critique permet d'éclairer des phénomènes que l'amplification médiatique et politique des débats sur la santé tend à occulter : les accidents de sport, les profits économiques auxquels aboutissent des coûts de santé assumés solidairement ou encore les effets de la médicalisation du traitement pénal de la délinquance (7).

 

Ouvrages et articles significatifs

(1) Crasset, O., « On se fait mal un peu tous les jours'', l'effet travailleur sain chez les maréchauxferrants », Travail et Emploi, n°136, 2013.

(2) Collovald, A. ; Daubas-Letourneux, V. ; Meslin K. (coord. du numéro), Politix, n°91, « Santé et travail »,  2010/3, 228 p.

(3) Lecomte-Ménahès, G., « Santé précaire et transformation de la médecine du travail », Travail et Emploi (à paraître en 2014). 

(4) Fournier, L. S. ; Raveneau G., (coord. du numéro), Journal des Anthropologues, n° 120-121, « Les cultures sportives au regard de la globalisation. Nouveaux objets, nouveaux terrains », 2010, 550 p.

(5) Guienne, V., Sauver, laisser mourir, faire mourir, PUR, Rennes, 2010.

(6) Pedrot, F., « Être ou devenir victime ? Le cas des surirradiés », Politix, N° 106, 2014/2, p. 189-210.

(7) Retière, J.N. (avec Tremeau, C.), « La répression de l'alcool au volant. Une réponse pénale sous tensions », Droit et Société, n° 88, 2014.

(8) Sébileau, A., Rester dans le vent. Sociologie des véliplanchistes et de leurs temporalités. Préface de Gildas Loirand, Collection Des sociétés, Presses Universitaires de Rennes, 2014.

(9) Slimani H., « L'économie de la passion. Formation professionnelle et turn-over des moniteurs(trices) équestres sous conditions sociales et affectives », Actes de la recherche en sciences sociales, n° 205, 2014, p. 21-41.

(10) Viaud, B. « Elle ne vaut pas un caramel ! L'estimation de la valeur sportive dans le jeu des évaluations médicales », Actes de la Recherche en Sciences Sociales, n° 207, 2015 (sous presse).

Rayonnement et attractivité académiques

(11) A Collovald, A. Dussuet, V. Guienne, E. d'Halluin sont membres du groupe de recherche Longévité Mobilité Autonomie (LMA), programme financé par la Région des Pays de la Loire, coordonné par Ch. Cornu (MIP) et G. Berrut (CHU de Nantes).

(12) E. D'Halluin participe au programme Migrations et santé (MIGSAN) : Analyse des variations dans l'accès aux soins des populations migrantes à l'échelle locale, programme financé par le Réseau inter-MSH, coordonné par AC. HOYEZ (UMR ESO Rennes).

(13) A. Dussuet est directrice scientifique du programme Les Organisations de l'Économie Sociale et Solidaire face au développement des « services à la personne », financé par l'Observatoire de la Chambre Régionale de l'Economie Sociale et Solidaire des Pays de la Loire.

(14) V. Guienne dirige depuis 2013 l'ANR Automédication (AUTOMED) auquel participe M. David, E. d'HALLUIN, C. MARQUIS (IE) (avec le DMG de l'Université de Nantes, ESO Angers). Ils ont coorganisé en mars 2015 un colloque intitulé Les journées d'étude Nord/Sud sur l'automédication, à Cotonou (Bénin).

(15) G. Loirand coordonne le programme Tourisme littoral et groupes professionnels : des relations instables. Le cas des éducateurs sportifs en nautisme, soutenu par la Région des Pays de la Loire par une allocation de thèse SHS (doctorant : E. Guillaud). Il a été invité au 2e colloque sino-européen du tourisme « Le tourisme et la mer, un enjeu du monde'' », Université de Ningbo, Chine, août 2013.

(16) J.N. Retière est responsable scientifique pour la sociologie de l'ANR Réprimer et soigner : une étude empirique de l'articulation santé-justice pénale, programme interdisciplinaire retenu et financé à compter de 2014 et géré par le laboratoire DCS sous la direction de V. Gautron.

(17) G. Loirand a participé à la création, en 2007, de la revue Sciences sociales et sport. Il y est rédacteur en chef.

Interactions avec l'environnement social, économique et culturel

(18) Sur l'accès aux soins des migrants âgés, E. D'Halluin a réalisé avec M Roupnel un poster au Troisième colloque national des PASS à Chambéry le 16 mai 2014 et est intervenue aux Journées nationales territoires de longévité, organisée par le Gérontopôle - Atelier « quelle place pour les aînés immigrés » coordonné avec Claudine Attias-Donfut, 3 juillet 2014, Cité des Congrès, Nantes.

(19) L. S. Fournier, avec M. Cheeseman, a travaillé à la réalisation d'un film ethnographique : 2014 (montage : Jamie Lepiorz), Swaying for the Lens. The Haxey Hood 2012, Film en ligne réalisé avec l'Université de Sheffield (Royaume-Uni). Il est également directeur scientifique du programme Diffusion et restitution de l'inventaire du patrimoine culturel immatériel, programme financé par le Ministère de la culture et associant l'UMR IDEMEC (Aix-Marseille) et a produit un rapport dans ce cadre.

(20) H. Lecompte, Approche sociologique des effets de la prise en charge hospitalière sur la construction identitaire des anciens enfants malades, communication présentée à la 8ème journée du Cancéropôle Grand Ouest, Centre des Congrès « Les Atlantes », Les Sables-d'Olonne, 19 juin 2014.

(21) G. Loirand, B. Papin, H. Slimani et B. Viaud sont membres de différents groupes de travail au sein de la Conférence régionale consultative du sport (CRCS) qui associe la Région Pays de la Loire, la Direction régionale de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale, le Comité régional olympique et sportif. Trois d'entre eux sont administrateurs élus du réseau Recherche et sport en Pays de la loire (RSPDL), créé à l'initiative conjointe du CENS et du laboratoire pluridisciplinaire Motricité interaction performance (MIP - UFR STAPS). Ce réseau à pour mission d'assurer une diffusion des résultats de la recherche en directions des divers acteurs impliqués régionalement dans l'univers du sport.

(22) B. Viaud est engagé depuis 2012 dans l'évaluation du Parcours Activité Physique et Santé (PAPS), dispositif porté par le Comité Régional Olympique et Sportif, la Direction Régionale de la Jeunesse, des Sports et de la Cohésion Sociale et enfin l'Agence Régionale de Santé des Pays de la Loire.

Mis à jour le 23 février 2021.