Axe 1. Groupes populaires et dynamiques sociales

Responsables : Thibaut Menoux (MCF), Séverine Misset (MCF), Sophie Orange (MCF/IUF)

Membres : Philippe Alonzo (MCF), Claire Auzuret (Post-Doc), Ludivine Balland (MCF), Yassin Boughaba (Doc), Marie Cartier (PR), Marie Charvet (MCF), Annie Collovald (PR), Olivier Crasset (Post-Doc), Estelle d’Halluin (MCF), Fanny Darbus (MCF), Marie David (Doc), Xavier De Larminat (Post-Doc), Hélène Desfontaines (MCF), Pierre Douillard-Lefèvre (Doc), Virginie Grandhomme (Doc), Estelle Gridaine (Doc), Mickaël Guérin (Doc), Anaïs Hachet (Doc), Fanny Jedlicki (MCF en délégation CNRS), Kheloudja Amer (Doc), Karine Lamarche (CR CNRS), Christophe Lamoureux (MCF), Fabienne Laurioux (MCF), Bernard Lehmann (MCF), Alice Lermusiaux (Doc), Martin Manoury (Doc), Juliette Mengneau (Post-Doc), Thibaut Menoux (MCF), Saskia Meroueh (Doc), Eve Meuret-Campfort (Post-Doc), Séverine Misset (MCF), Sophie Orange (MCF), Fabienne Pavis (MCF), Tristan Poullaouec (MCF), Nicolas Rafin (MCF), Elsa Rambaud (Post-Doc), Mélodie Renvoisé (Doc), Jean-Noël Retière (PR), Nicolas Roinsard (MCF en délégation CNRS), Hassen Slimani (MCF), Matéo Sorin (MCF), Marc Suteau
(MCF), Jean-Philippe Tonneau (Post Doc), Camille Trémeau (Doc).

 

L'axe 1 du CENS « Groupes populaires et dynamiques sociales » s'inscrit dans la continuité de l'intérêt de la sociologie nantaise pour les groupes sociaux les plus séparés des avoirs, des savoirs et des pouvoirs. Cette orientation « historique », maintenue après la création du CENS en 1998 se poursuit. Longtemps focalisés sur « la classe ouvrière », les travaux se sont ouverts aux milieux populaires et à leurs franges, aux politiques publiques qui leur sont dédiées comme aux mouvements qui visent à les encadrer. L'atténuation de l'existence de cultures de classes tranchées ne dispense pas d'une réflexion sur les conditions de travail et de vie des groupes dominés et les nouvelles formes de particularisme nées de la dynamique récente d'accroissement des inégalités matérielles. La recomposition de l'équipe par l'arrivée de jeunes chercheurs (doctorants et EC) se traduit par un intérêt pour le "populaire" au féminin dans le monde du travail (1, 6), mais aussi par une insistance sur les recompositions culturelles et symboliques des groupes populaires tant du côté du rapport à l'école (8, 9) que du côté du rapport au droit et à la justice (3, 5, 14). Les recherches menées depuis 2010 envisagent comme naguère le « populaire » en tant qu'attribut de certains groupes et conditions, mais veillent à combiner ce point de vue « réaliste » avec l'examen des classements et des catégorisations dont procède la notion. Les recherches qui combinent les modes d'investigation (enquête quantitative, ethnographie, socio-histoire) sont guidées par deux impératifs de méthode, aussi éloignés du pur positivisme que d'un constructivisme échevelé :

- contribuer, par une démarche résolument empirique, au renouvellement des connaissances sur les conditions d'existence des groupes dominés, leurs situations professionnelles, leurs rapports à l'école et au politique dans le but de décrire la transformation des formes contemporaines de la domination sociale.

- éclairer la compréhension des processus de formation et de reproduction des groupes populaires à l'intérieur d'espaces sociaux (mondes ruraux, mondes urbains par exemple) où s'entremêlent enjeux anciens et nouveaux de confrontation, tant objective que symbolique, avec les autres groupes.

Les recherches menées depuis 2010 s'intéressent aux formes de classifications symboliques en œuvre aujourd'hui au sein des groupes populaires et qui sous-tendent proximités et distances en leur sein comme avec les membres des autres classes sociales (7). Il s'agit de mettre au jour les valeurs centrales, les espaces élus ou évités, les goûts et dégoûts, les engagements et les indifférences, les alliances et les exclusions qui caractérisent les mondes ouvriers et employé(e)s contemporains (10, 12, 2). De quoi sont faites les "morales ordinaires" des milieux populaires aujourd'hui ? A l'heure du chômage de masse et des restructurations industrielles, de la tertiarisation des emplois subalternes et de la scolarisation prolongée, quelle place occupent le travail et la réussite scolaire dans les systèmes de valeurs des ménages modestes (13) ? Loin de présupposer l'existence d'une morale "de classe" homogène, plusieurs recherches étudient empiriquement les visions et divisions du monde et leur variation entre les divers segments professionnels, entre les différentes filières de l'enseignement supérieur comme entre les sexes, les âges ou les parcours migratoires. Ces "morales ordinaires" sont interrogées dans le rapport à la famille, à l'éducation et à l'école comme dans le rapport au travail, au politique  ou à la justice, sans jamais préjuger d'une homogénéité des valeurs et des principes en fonction des domaines considérés. A partir de cette thématique transversale, les collaborations internes ont été renforcées grâce à une enquête (dir. Tristan Poullaouec) sur l'européanisation des catégories socio-professionnelles en partenariat avec le PRINTEMPS (2009-2011) et une ANR (2009-2013) sur le traitement des délits (dir. Jean Danet, DCS).  Deux nouveaux programmes ANR  (CLASPOP et Sombrero) ont permis de  tisser de nouveaux liens à l'échelle nationale avec le CERLIS, le GRESCO, et le CMH d'une part, et le CRAPUL,  le CERAPS, le CRAPE et le Centre Max Weber.

Les recherches menées dans le cadre du sous-axe « Emploi, travail et recomposition du salariat d'exécution » cherchent à tenir ensemble une analyse rapprochée des situations de travail (travail officiel, contraintes de l'activité, relations informelles entre travailleurs) et une prise en compte de ce qui les façonne à distance : d'une part les régulations juridiques et d'autre part les trajectoires sociales et professionnelles des travailleurs. L'originalité de ces recherches tient à une posture anthropologique de circulation du chercheur entre les scènes sociales afin de tenir l'ambition d'explorer les morales populaires dans leur pluralité et leurs éventuelles contradictions. Ainsi les recherches sur l'étude des transformations du travail et du rapport au travail ou des recherches sur les recompositions des aspirations scolaires ménagent-elles une ouverture des enquêtes sur les formes de vie privée et, inversement, les recherches sur les pratiques domestiques et scolaires examinent ce que celles-ci doivent aux expériences professionnelles comme aux représentations des possibles professionnels.

Les recherches menées dans le cadre du sous-axe « Solidarités, conflictualités et mobilisations politiques » entendent contribuer à la connaissance des transformations, notamment politiques, que connaît l'espace régional. Il s'agit de mener des recherches réinscrivant les groupes et les activités de solidarité, de participation civique ou politique dans les diverses configurations localisées de l'Ouest ligérien, mais pour l'inscrire plus résolument désormais dans des cadres permettant une comparaison raisonnée entre territoires locaux (qu'ils soient hexagonaux ou étrangers) (11, 18). 

Le sous-axe « Justice sociale et usages des normes », apparu lors de la réorganisation des équipes en 2010, explore le rapport à la justice, au droit et à la morale de différentes fractions des classes populaires. Il apporte un éclairage neuf sur les questions de justice sociale, de régulation et de contrôle sociaux ou encore de transformations des savoirs et des savoir-faire en matière de défense individuelle et collective des groupes les plus désavantagés. Les recherches menées depuis 2013 se concentrent sur les rapports « ordinaires » aux normes juridiques et morales.

 

Ouvrages et articles significatifs

(1) Cartier M. « Subordination in home service jobs. Comparing providers of home-based childcare, elder care and cleaning in France » (avec C. Avril), Gender & Society, Vol. 28. No 4, 2014, p. 609-630. 

(2) Collovald A., Insubordination conjoncturelle ou constitution d'un répertoire d'action à droite ? Le cas du petit patronat, in Gaïti (B.), Siméant (J.), Hommages à Michel Dobry, à paraître fin 2015.

(3) Retière, J-N.,Trémeau, C., « La répression de l'alcool au volant. Une réponse pénale sous tensions »,  Droit et Société, n°88, 2014/3

(4) Darbus, F.,« Trouble dans les relations d'emploi. Dénonciations face à l'ambiguïté du portage salarial »,Terrains et Travaux, n° 22, 2013.

(5) d'Halluin E. «  Local Justice to allocate medical certificates in French asylum procedure. From protocols to face-to-face interactions », in Tobias Kelly, Ian Harper and Akshay Khanna, The Clinic and the Court: Law, Medicine and Anthropology. Cambridge University Press Forthcoming

(6) Meuret-Campfort E., « Dire la pénibilité du travail en crèche ? Une enquête auprès d'auxiliaires de puériculture syndicalistes », Sociétés Contemporaines, n°95, 2014, p.81-108.

(7) Misset, S., « Classifications ouvrières et confrontations de générations d'ouvriers qualifiés : vers une remise en cause de l'ordre de l'ancienneté ? », Sociétés contemporaines, 2013/2, n°90, p.29-52.

(8) Orange, S., L'autre enseignement supérieur. Les BTS et la gestion des aspirations scolaires, Paris, PUF, coll. Education & Société, 2013.

 Rayonnement et attractivité académiques

(9) 2011-2014 : série de cinq journées d'études organisées autour des cinquante ans de l'ouvrage Les héritiers, de Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron co-organisées par T. Poullaouec, S. Orange, M. David, A. Guibert, J. Mengneau, C. Nicolaidis, L. Balland. En partenariat avec le CESSP, le CSU, le CURAPP, ESCOL et le GRESCO.

(10) M. Cartier, S. Misset, T. Poullaouec, J.-N. Retière et M. Sorin (Doc) participent depuis 2014 au programme ANR CLASPOP (« Le « populaire » aujourd'hui. Les recompositions sociales et culturelles des mondes ouvriers et employés contemporains ») dont le CENS est partenaire (avec le CERLIS, le CMH et le GRESCO). T. Amossé (CEE, INSEE) et J. Mischi (INRA-CESAER Dijon) également impliqués dans ce programme,  ont à cette occasion rejoint le CENS en tant que membres associés.

(11) M. Cartier, M. Charvet, A. Collovald, V. Grandhomme (Doc), E. Meuret-Campfort, S. Misset, P. Moulévrier, F. Pavis, participent depuis 2013 au programme ANR Sombrero « SOciologie du Militantisme, Biographies, REseaux, Organisations » dont le CENS est partenaire (avec le CRAPUL, le CERAPS, CRAPE, le Centre Max Weber).

(12) F. Darbus participe depuis 2014 au programme « Goûts, morales, groupes sociaux », dans le cadre du panel Elipss (Enquête longitudinale par internet pour les sciences sociales) de  l'Equipex DIME-SHS (Données, infrastructures, méthodes en SHS), dir. R. CAVENG (CURAPP, CESSP).

(13) Sophie Orange co-dirige (avec Claire Lemêtre) depuis 2014  le « Programme de Recherche sur les Images Sociales et Mentales des Etudes Supérieures » (PRISMES) auquel participe également Juliette Mengneau (Doc). Financement du Conseil régional des Pays de la Loire et de l'Université Paris 8.

(14) J.-N. Retière et Camille Trémeau (Doc) participent depuis 2015 au programme ANR « Réprimer et soigner : une étude empirique de larticulation santé-justice pénale » (dir. Virginie Gautron, DCS ).

 Interactions avec l'environnement social, économique et culturel

 (15) T. Poullaouec est membre cofondateur du Groupe de Recherche sur la Démocratisation Scolaire qui rassemble des chercheurs professionnels ou non professionnels entendant contribuer par leurs travaux, textes et publications à la transformation démocratique de l'école. (www.democratisation-scolaire.fr).

(16) Depuis 2010, M. Cartier est membre du CA et du bureau du Centre d'Histoire du Travail à Nantes, association qui collecte et valorise les archives du mouvement ouvrier de la région nantaise.

(17) S. Orange a été invitée en novembre 2012 à contribuer en tant qu'expert aux ateliers de concertations visant à la préparation du prochain schéma régional de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation des Pays de la Loire, Maison de la région. Elle a été auditionnée en octobre 2013 en qualité d'expert par Mme B. Gonthier-Maurin, sénatrice des Hauts-de-Seine, rapporteure pour avis des crédits de l'enseignement professionnel du projet de loi de finances 2014.  

(18) E. d'Halluin coordonne depuis 2014 le projet OPIS (Observatoire des pratiques informelles de solidarité), une recherche-action sur les pratiques informelles de solidarité quotidiennes au sein de l'agglomération nantaise financée par l'Agence d'urbanisme de la région nantaise (AURAN). 

(19) En 2014, J.-N. Retière a participé à la fondationde l'UNIC (Institut universitaire de criminologie) à Nantes avec le laboratoire DCS et l'UFR de psychologie de Nantes.

Mis à jour le 23 février 2021.